Après la mise en route corporelle, et la mise en route de la « soufflerie » avec entre autres le réveil du diaphragme, arrive le temps de la mise en voix à proprement parler, les fameuses vocalises, qui servent à la fois d’échauffement et de travail technique.
A quoi servent les vocalises ?
Les vocalises ont plusieurs intérêts. Tout d’abord, elles permettent d’explorer en douceur toute la tessiture de la voix du chanteur. On va progressivement des notes médium de la voix vers les graves, des notes médium vers les aigus, toujours en confort, pour trouver de plus en plus d’aisance vocale dans l’étendue vocale ainsi explorée.
Elles servent également de repère pour le placement vocal. Grâce à elles, le geste vocal technique peut être automatisé, et sera ainsi facilement reproductible quelles que soient les conditions. En effet, le chanteur va pouvoir retrouver des sensations qu’il a expérimentées et ressenties lors des vocalises, et les transposer au chant en lui même.
En chorale, les vocalises sont aussi un moment privilégié pour créer une cohésion du groupe, un son commun à l’ensemble, mais aussi une écoute de soi, des autres et de l’ensemble.
Les vocalises vont avoir différents axes autour desquels on peut se créer son propre programme selon ce que l’on souhaite faire progresser.
Aisance vocale dans sa tessiture de voix
Divers exercices, ou explorations, permettent d’aller se promener vocalement progressivement dans toute la tessiture confortable de la voix du chanteur.
On peut citer notamment l’exercice bien connu de la sirène, glissando du bas vers le haut puis du haut vers le bas. D’abord avec une amplitude moyenne, puis on peut, tant que l’on est à l’aise, étendre petit à petit l’amplitude de cette sirène. Cette exploration permet notamment le travail des zones de passage vocal.
D’autres vocalises à visée d’exploration des hauteurs de voix consisteront à reproduire une petite ligne mélodique simple (ou moyennement simple, comme la fameuse vocalise de Rossini), puis à la transposer, vers le haut ou le bas, demi ton par demi ton. Par exemple, on peut chanter do – mi – sol – mi – do, sur différentes consonnes voisées, telles que « m », « n » ou encore « ng », ou sur des voyelles, puis le transposer en do# – fa – sol# – fa – do#, etc etc.
Jeux de voyelles
Le son dans un chant est majoritairement porté par les voyelles, en plus de quelques consonnes que l’on appelle voisées. Un ami chef de choeur dit souvent que « la voyelle est le ciment de la consonne » (J.L. si tu passes par ici, merci pour cette jolie image…).
On peut donc utiliser des vocalises pour explorer le côté legato, lié, de ces voyelles, soit entre elles sur une même hauteur de note, soit d’une seule voyelle sur plusieurs hauteurs.
Par exemple, on peut alterner entre le « é » et le « a », entre le « i » et le « é », entre le « a » et le « o », entre le « u » et le « ou », ou passer par toutes ces voyelles avec un « i-é-è-a-o-u-ou ».
C’est l’occasion d’en profiter pour garder une oreille sur la qualité des voyelles lors des changements de hauteur, ou des transitions entre voyelles.
Cette exploration des voyelles permet aussi de se rendre compte que la langue, les lèvres et la mâchoire ont chacune une position propre et spécifique à chacune d’elles.
L’articulation, point d’appui du texte
On peut ensuite jouer avec des vocalises à syllabes pour explorer l’agilité de la langue, la souplesse des lèvres, la bonne mobilité de la mâchoire, c’est à dire trouver le juste équilibre entre souplesse et tonicité de tous ces éléments.
Il existe de nombreuses vocalises avec textes, rimes, histoires, pour s’amuser avec la diction. Il s’agit de préparer toutes les structures participant à l’articulation afin d’obtenir ensuite une meilleure diction lors du chant, et donc une meilleure compréhension du texte par le public ensuite.
On peut notamment citer la célèbre vocalise articulatoire « Pocatalitique » : il s’agit de chanter rapidement toutes ces syllabes sur une seule note, puis à chaque fois que l’on reprend le mot, on descend d’une marche dans la gamme.
Utiliser les chants en cours pour créer des vocalises
Les vocalises peuvent aussi servir à intervenir spécifiquement sur un besoin particulier ou une difficulté rencontrés dans un chant.
On peut ainsi isoler la phrase ou la ligne mélodique spécifique, la chanter sur des consonnes telles que « v », « z », « m », « n », « ng », ou sur une voyelle. On peut aussi décider d’utiliser uniquement les voyelles du texte, par exemple « Au clair de la lune » deviendrait ainsi « O – è – eu – a – u – eu ».
La ligne mélodique en question peut aussi être transposée dans une tonalité proche des médiums de la voix pour faciliter le geste vocal, puis progressivement être transposée à nouveau par étapes jusqu’à revenir dans la tonalité du chant.
Et vous ?
Comment pratiquez vous votre mise en voix avant de chanter ? Avez-vous des vocalises favorites, ou des vocalises qui vous semblent plus difficiles, ou des exercices vocaux que vous pratiquez systématiquement avant le chant ?
N’hésitez pas à me les partager, ou à me poser vos questions, qui pourront peut-être faire l’objet d’un prochain article.